Sant Mac'hloù hag e vro

Publié le par Arzhmael

Saint Malo et son pays

 

 

 

 

 

Les débuts de la Bretagne armoricaine comptèrent deux grandes principautés : la Kernéo (Kernev, fr. Cornouaille) au Sud-Ouest, et la Domnonée au Nord-Est, toutes deux issues de l’émigration bretonne vers le continent. Les différentes communauté laîques et monastiques se répartirent entre les pagi, pays traditionnels, dont sept au moins constituèrent la Domnonée : Racter, Alet, Daoudour, Trecoet, Pentevr, Gouelou, Treger. Les pagi se groupèrent plus tard en évêchés. Parmi ceux-ci, celui de Saint-Malo se forma avec quatre d'entre eux au moins. Ils s’insèrent entre les cours d’eau de l’Arguenon, de l’Ould (Oust), de la Gwilun (Vilaine) et de la Renk (Rance).

Les moines bretons et irlandais contribuèrent fortement à la constitution de la Domnonée armoricaine. Ces pasteurs de la famille celtique étaient girovagues, parcourant de nombreux kilomètres d’un bout à l’autre du pays, fréquentant les différentes communautés d’immigrants, quand ils n’étaient pas à leur tête, et en alternant avec des périodes d’érémitisme. Il y avait aussi une tradition qui amenait souvent nos saints aux portes de Rome; saint Malo fut l’un d’eux. Il alla aussi  jusqu’à Luxeuil, pour rendre visite à son ami saint Colomban, venu d’Irlande pour son Imram, son pèlerinage, qui fit que finalement il essaima des monastères à travers la Gaule et la Germanie.

Enez Aaron / L’îlot-Aaron : c’est là qu’il faut situer la genèse du pays de saint Malo, en jumelage avec l’ile Cézembre, où séjourna saint Brendan. L’ermite saint Aaron accueillit saint Malo fraichement débarqué de l’ile de Bretagne. Quand Malo mourut, ses reliques furent déposées à côté de celles de saint Aaron, dans le sanctuaire qui les abritaient, et c’est ainsi que l’îlot-Aaron prit peu à peu le nom de Saint-Malo. Au cours du XIIe siècle, on transféra l’évêché, jusque là sis à Alet, sur l’enez-Aaron.

Saint Malo, à l’instar de ses camarades-moines de toutes les Bretagne, a sans doute parcouru le pays de long en large, notamment entre la Rance, l’Oust et la Vilaine, du moins de nombreux lieux gardent le souvenir de son nom dans cette partie du royaume de Domnonée. Il était venu avec de nombreux compagnons qui se disséminèrent dans un mouvement assez radical depuis l’estuaire de la Rance vers les hauteurs forestières du Sud, pour finalement aboutir à la Gwilun (Vilaine), suivant un antique parcours commercial des Coriosolites, l’ancienne nation maritime armorique. Ainsi la ville de Guer, en plein centre des bois de l’intérieur (le Porhoët), fut-elle fondée autour d’un monastère fraîchement éclos des « courses » de saint Malo et de ses compagnons vers l’autre mer. Le Porhoët, d’ailleurs, se constitua en un évêché distinct de celui d’Alet, pendant 60 ans (XI-XIIe siècles). Plus près d’Alet, de l’autre côté de l’estuaire de la Renk (Rance) se trouve Coriallo (Corseul), l’ancien centre coriosolite dont les Romains firent leur capitale : l’ancien pays du Daoudour, ou Poudouvr, se souvient-il des prodiges alors survenus à la visite de saint Malo à Coriallo ? Voulant célébrer les Saint Mystères, et ne trouvant rien de digne ni de précieux pour ce faire, il changea une pierre en un calice de l’or le plus pur, ainsi que quelques gouttes d’eau en un vin qu’on eut dit créé des plus savants mélanges de Bordeaux. Et pendant l’office, on lui amena le corps d’un mort sur lequel il étendit les mains, et priant de la sorte, le mort se leva tout rayonnant et joyeux.

 

Ainsi se forma peu à peu, en ces temps héroïques de défrichage et d’aventure, le futur diocèse de Saint-Malo ; il s’étend du nord au sud de Cancale à Redon pratiquement (Guipry), et d’est en ouest de Pleumeleuc à Goméné ; Locmewen, «St-Méen-le-Grand » en est le centre géographique. Le territoire de l’évêché d’Alet-Saint-Malo a parlé breton jusqu’au XIIe siècle, et pour certaines parties jusqu’au XVe (Lanouez, Kêrangored, Plumaodan..).

 

Au diocèse révolutionnaire de « Rennes, Dol et Saint-Malo », la fête de saint Malo est fixée au 15 Novembre. Pour les anciens pardons qui avaient lieu souvent en été autour des chapelles et des fontaines, la fête de saint Malo n’avait pas lieu en hiver, bien qu’à Locmalo a existé jusqu’à récemment le « petit pardon », et ceci autour du  15 novembre, mais c’est aussi à Locmalo qu’on fêtait solennellement saint Malo une deuxième fois dans l’année, le dimanche après le Jeudi de l’Ascension. Cette dernière fête était autrefois très marquée en Bretagne (comme éminemment pascale) et beaucoup de vieux saints du pays avaient leur pardon autour de cette fête. De plus, saint Malo, on l’a vu, rappelle par sa vie et ses miracles (à Nantcarvan, à Corseul…) l’éminence de l’événement pascal. De même, à Saint-Malo-de-Fili, on faisait autrefois, à l’Ascension, le tour de la paroisse en procession. A noter : la saint Brendan (le père-abbé de saint Malo) a été fixée le 16 mai, dans le temps pascal. Qu’en est –il d’Alet, ou encore de Saint-Malo-des-trois-fontaines?

 

 

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Publié dans Bro-Sant-Mac'hloù

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